Son histoire
La Société Saint-Jean-Baptiste a été fondée à Montréal le 24 juin 1834 par Ludger Duvernay à l’occasion d’une grande fête populaire.
Le maire de Montréal, M. Jacques Viger y était, de même que plusieurs personnalités.
Le fondateur voulait réunir, rallier les Canadiens français, entretenir le culte du passé, voir à la défense de nos institutions, de notre langue et de nos droits.
La Saint-Jean Baptiste, nom populaire ou nom officiel pour une première édition, fut fêtée l’année suivante, puis en 1836 et 1837. Duvernay dut toutefois s’exiler aux États-Unis après les troubles de 1837-1838. Il fonda une Société à Burlington.
Puis, d’autres organisations apparurent un peu partout : à Québec en 1842 avec Bardy, à L’Assomption l’année suivante, à New York en 1850, puis d’autres dans plusieurs grandes villes d’Amérique. En 1874 se tint à Montréal une convention réunissant des francophones de partout en Amérique. Plus de 250 wagons remplis de congressistes s’amenèrent dans la métropole. Un autre grand congrès eut lieu à Québec en 1880. Des Sociétés Saint-Jean-Baptiste se fondèrent un peu partout dans la province et ailleurs : Sherbrooke, Trois-Rivières, St-Hyacinthe, Nicolet, Rimouski, St-Jean et même à Ottawa.
C’est en 1880 que le premier acte d’incorporation de la Société Saint-Jean-Baptiste de la ville de Valleyfield vit le jour. Puis le 14 mars 1911, la charte est révisée et refondue, un nouveau nom apparaît : La Société Saint-Jean-Baptiste de Salaberry. Mgr Joseph Médard Émard en est le président d’honneur et on lui demande de nommer un aumônier.
La charte cherche à atteindre les buts suivants :
a) Unir fraternellement toutes les personnes saines d’esprit et de corps, catholiques, parlant la langue française.
b) Assurer à ses membres, moyennant des cotisations, le droit à des bénéfices appropriés dans le cas de maladie ou d’accident.
c) Assurer une aide pécuniaire au conjoint survivant.
d) Travailler à la conservation et à l’usage de la langue française et à la propagation du respect de la foi et des institutions catholiques.
La Société va assez bien, il se fait du recrutement. On fonde des succursales : Bellerive, le quartier nord, Beauharnois, St-Timothée, etc. On s’efforce d’être fidèle à la charte, de promouvoir le français, de fêter la Saint-Jean, d’aider des familles, de contribuer aux œuvres de Mgr Émard, de soutenir la St-Vincent-de-Paul. Cependant, l’enthousiasme tombe vite. Des difficultés financières surgissent, le Mouvement est en train de mourir. Il faudra attendre 1934 pour assister à une résurrection, à une réorganisation avec M. Antonin Cailhier comme président, secondé par MM. Valérien Montpetit, Frédéric Girard, Albert Leblanc, le docteur Aimé Leduc et d’autres. Le curé de la Cathédrale, Mgr Delphis Nepveu, est l’aumônier.
La Société version 1934 sera passablement active. Elle reçoit les ornements de l’ancienne Société. Elle entreprend un travail de francisation en corrigeant les adresses de l’annuaire téléphonique. Elle encourage l’achat local, la colonisation diocésaine en Abitibi, la fondation de Caisses populaires à travers le diocèse. Elle fait des pressions pour obtenir des films en français au théâtre Royal. Elle organise des concours d’histoire du Canada. Elle participe aux démarches qui se font en vue de l’érection d’une croix à la Pointe Cockburn qui deviendra plus tard le Parc Sauvé. Elle voit à célébrer la Fête nationale par le feu de la Saint-Jean, une messe, des concerts et des feux d’artifice. Le regroupement est maintenant appelé Société Saint-Jean-Baptiste de Valleyfield.
Le premier congrès des sections de Valleyfield a lieu à Bellerive en octobre 1938. Il y a de la vie, de nombreuses activités, mais ce n’est pas le bonheur parfait. Des tensions et des opinions divergentes surgissent. À titre d’exemple, voici les propos du président de la section Ste-Cécile, M. A. A. Cadieux, en date du 8 octobre 1938 : « On nous reproche de ne pas avoir de programme, mais on se trompe. J’avais un programme, mais je ne pouvais l’expliquer aux chaises. À chaque assemblée convoquée, elles étaient plus nombreuses que les membres ».
À cette époque, il y eut plusieurs conférenciers de qualité : Me Albert Lemieux, Me Albert Leblanc, Mgr Langlois, M. René Chalout, le chanoine Lionel Groulx, M. Roger Duhamel, M. Raphaël Bélanger.
D’autres points ont marqué notre histoire : en 1942, implication au plébiscite au sujet de la conscription; en 1943, encouragement à l’Heure de la Bonne Chanson; en 1945, résolution pour la nomination d’un vice-roi canadien; en 1946, entrée dans la Fédération provinciale des S.S.J.B.; en 1946, également on songe à l’établissement d’un Prêt d’Honneur.
L’année 1948 marque un tournant dans l’histoire de notre association. Le Juge Leblanc a été le maître d’œuvre des structures et de l’organisation que nous avons présentement : congrès annuel, quinze (15) directeurs diocésains choisis aux quatre (4) coins du diocèse élus lors du congrès, conseil exécutif élu parmi les directeurs diocésains, secrétariat permanent, vérification annuelle par un comptable agréé.
C’est à cette époque que se fondent plusieurs sections : Ste-Cécile en 1945, Beauharnois en 1947, St-Urbain en 1948, Dorion, St-Étienne, St-Stanislas, Rigaud et Vaudreuil en 1949, St-Timothée en 1950. Le secrétariat permanent changera de local à quelques reprises : le domicile de M. Roger Simard, au 40 avenue Grande-Ile, les anciennes écuries Robb sur la rue Saint-Jean-Baptiste, l’édifice du Journal Salaberry et enfin l’édifice actuel sur la rue Ellice acheté en 1965, une transaction extrêmement heureuse.
Monsieur le juge Albert Leblanc a été l’un des bâtisseurs de notre Société. Il en fut le président diocésain de 1944 à 1961. Les 16 qui lui ont succédé n’ont veillé aux destinées de la Société que durant deux ans, mais ils se sont tous dévoués et ils ont fait avancer le Mouvement.
L’abbé Gaétan Leboeuf fut en exercice de 1948 à 1957 et à qui revient une partie des progrès de la Société. C’était un ardent patriote. Une autre personne importante à ne pas oublier : M. Benjamin Carry, entré à la Société en 1949, et qui y travailla jusqu’en 1988. Un organisateur et un administrateur hors pair !
Maintenant que nous connaissons mieux l’histoire de notre Société, le moment est venu de décrire le rôle qu’elle a joué.
L’un des objectifs que s’était fixé Ludger Duvernay en fondant son association, c’était de rallier les Canadiens français, les regrouper, perpétuer leur fierté et de s’entraider mutuellement. La Société a toujours prêché le respect de la langue et de l’histoire. Elle l’a fait en particulier par de nombreux concours dans les écoles, concours de français et d’histoire du Canada auxquels elle attachait des prix intéressants. Les différentes sections du diocèse ont toujours souligné la fête de Saint-Jean-Baptiste. Souvent il y a une messe, un défilé, des activités pour les jeunes et toute la famille.
À Salaberry-de-Valleyfield, depuis plusieurs années, les fêtes de la Saint-Jean ont pris une ampleur considérable. La plupart des sections sont heureuses de se joindre à celles de Salaberry-de-Valleyfield pour en faire une vaste fête diocésaine.
Ludger Duvernay souhaitait que les nôtres s’entraident. La Société d’ici a voulu réaliser cet objectif en fondant le Cercle d’Entraide Salaberry dont l’incorporation remonte au 27 octobre 1948, mais dont les opérations n’ont débuté que le 1er janvier 1949. Il est devenu le Service d’Entraide le 28 octobre 1960. L’idée était simple et louable : aider les familles à l’occasion d’un décès. Au début, c’était des groupes de 1500 personnes à qui on réclamait 1 $ lors du décès d’un membre; 1,000 $ était remis à la famille et 500 $ était déposé dans un fonds de prévoyance. En 1952, 982 membres appartenaient à ce service, mais le nombre a grossi d’une façon prodigieuse. Au début, les recruteurs et les secrétaires de section ramassaient les dollars lors d’un décès. Puis, on passa par les Caisses populaires et d’économie et les Banques canadiennes françaises. Enfin, la procédure s’est simplifiée en 1987 avec la possibilité de payer par retrait direct.
En 1971, ce Service d’Entraide a acquis plus de sécurité et de vitalité en devenant co–assuré avec la Sauvegarde acquise depuis par le Mouvement Desjardins. Depuis le 1er juillet 2002 ceci se fait avec La Survivance devenue Humania Assurance Inc. en mai 2013. Ce succès du Service d’Entraide est dû aux nombreux recruteurs.
Le Service d’Entraide est l’une de nos belles réalisations. Environ 20,000 membres en font partie. C’est du solide.
La Société a voulu encourager et stimuler nos jeunes à étudier. Elle l’a fait en instituant le Prêt d’Honneur. Ce fut un projet longuement mûri. On y pense dès 1946, puis très sérieusement en 1953. Il ne fut fondé officiellement que le 28 novembre 1955. Une fusion avec le Prêt aux étudiants de l’Association des professeurs de Valleyfield eut lieu en 1958.
On a voulu constituer un capital, un fonds dont les intérêts seraient prêtés à des étudiants plus ou moins fortunés. Comment a-t-on fait pour accumuler un tel montant ? Le diocésain a versé 1,000 $ durant plusieurs années, les sections de leur côté faisaient une collecte à domicile ou aux portes des églises jusqu’en 1974. Le souper de gala du mois de novembre inauguré en 1960 constituait une autre source de revenus. Aujourd’hui, la réserve est considérable de sorte que le Prêt d’Honneur fonctionne depuis plusieurs années sans faire appel au public, les intérêts et les remboursements suffisant à la demande.
Le Prêt d’Honneur est une de nos plus belles réalisations, c’est un immense succès. 6,593 prêts ont été accordés depuis sa fondation.
En complément au Prêt d’Honneur, la Société a institué en 1984 les Bourses d’Excellence pour récompenser les étudiants(es) méritants(es) de toutes les écoles secondaires du diocèse. Ce sont des bourses de 300 $ pour un total de 1,500 $ par école. Comme il y a 9 écoles secondaires, ce sont 13,500 $ qui sont ainsi distribués plus 2 autres bourses pour un montant de 1,200 $ à 2 étudiants(es) du Cégep de Valleyfield, depuis 1989.
Une autre réalisation : le Voyage d’amitié existe depuis plus de 50 ans. Ce voyage permet de voir du pays. Que de régions nous avons visitées où nous ne serions pas allés par nos propres moyens. Au début, nous nous efforcions de rendre visite à des francophones éloignés, nous essayions de mieux les connaître, d’échanger avec eux. Nous sommes allés dans le comté de Pontiac, dans le sud de l’Ontario et même dans l’Ouest canadien, à St-Boniface et Vancouver. Nous sommes allés au moins 3 à 4 fois aux États-Unis. Aujourd’hui, c’est plutôt un voyage entre amis où nous nous amusons tout en découvrant de nouveaux coins de pays.
Nos congrès annuels, toujours bien préparés, constituent une autre source de renseignements. Des conférenciers compétents et triés sur le volet développent pour nous le thème qui aura été soigneusement choisi.
D’autres réalisations pourraient être mentionnées : la croix du parc Sauvé, la croix de granit installée à St-Anicet en souvenir du passage de Champlain, le monument de Salaberry installé sur la rue Nicholson à Salaberry-de-Valleyfield, la récitation du chapelet dans plusieurs paroisses durant les mois de mai et octobre assurée par nos sections, une contribution financière généreuse aux œuvres de Mgr l’Évêque etc., sans oublier les innombrables et heureuses réalisations de nos 21 sections.